"Nous avons besoin des chiffres aussi vite que possible", pour faire avancer les négociations agricoles du cycle de Doha, a-t-il déclaré dans une interview accordée à l'AFP.
Les Européens "discutent encore, et nous recevons des signes positifs. Le fait qu'il n'y ait pas de proposition concrète venant de l'Union européenne ne signifie pas qu'ils abandonnent la discussion", a dit le directeur général thaïlandais.
"J'ai eu confirmation de Bruxelles et de plusieurs pays européens que ce round reste aussi important pour l'Europe que pour les autres membres et qu'ils (les Européens) veulent voir des progrès sur l'agriculture".
Il s'est dit cependant "relativement inquiet" des retards dans la soumission de propositions, alors que les 145 membres doivent avoir défini avant la fin mars les modalités de leurs tractations sur l'agriculture.
"Parler de principes, c'est bien (...) mais je pense que les membres voudraient voir les chiffres sur la table". "Sinon, l'autre partie va dire qu'ils ont présenté tous leurs chiffres et qu'ils n'ont pas reçu de commentaire (...) et demander aux autres: quelle est votre proposition?".
M. Supachai a émis la crainte que la conférence ministérielle de Cancun (Mexique), en septembre, qui fera le point à mi-parcours du cycle de Doha, soit accaparée par la question agricole.
"Nous n'aurions plus assez de possibilités de traiter d'autres sujets" comme le commerce, l'environnement et les nouveaux sujets de la concurrence et de l'investissement, a-t-il averti. Evoquant le délai de fin décembre pour trouver un accord sur l'accès des pays pauvres aux médicaments, M. Supachai a relevé que "manquer cette échéance ne donnerait pas vraiment un bon signal". La mini-ministérielle de Sydney, la semaine dernière, a donné un signal de "confiance" dans un accord, mais cela ne signifie pas qu'il ait été "conclu", a-t-il dit. Alors que les négociations du cycle entreront dans une phase plus décisive entre mars et mai prochains, M. Supachai a noté avec préoccupation "le nombre croissant, chaque semaine, d'accords bilatéraux et régionaux" sur lesquels des négociations s'engagent, et qui créent de la "confusion" en matière tarifaire. "Nous pourrions avoir à faire face, a-t-il expliqué, à une large variété de traitements préférentiels" et certains accords pourraient aussi contenir des régimes spéciaux, par exemple sur des définitions techniques comme les règles d'origine des produits. Il a recommandé une "évaluation" pour savoir "s'ils seront en conformité avec l'OMC ou non".
M. Supachai ne constate pas d'"absentéisme" à Genève du fait de ces accords régionaux. Mais dans un stade ultérieur, il espère "qu'ils pourront être mis en veilleuse pour donner la primauté" au cycle de Doha.
"Car il faudra alors des réponses rapides, une pleine implication, non seulement des délégations à Genève, mais des capitales", a-t-il dit.
Il s'est inquiété pour les petites délégations qui pourraient avoir encore plus de difficultés à suivre les négociations "si elles étaient occupées ailleurs".
M. Supachai a enfin noté des progrès ces derniers mois dans les négociations sur l'entrée dans l'OMC de la Russie, seule grande puissance encore à l'écart de l'organisation. Sans faire aucun pronostic sur les dates, il a relevé que les Russes "pensent être en mesure d'achever, d'ici la fin de l'année ou le début de l'an prochain, la mise au point d'un nouveau paquet de textes législatifs qui sera présenté au parlement russe". "Pour quelques unes des questions difficiles, sur l'énergie et l'agriculture, je pense que nous assistons à des progrès", a-t-il estimé. |